[n° ou bulletin] est un bulletin de
Titre : |
733 - Mai 2017 - Cannes 2017 |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2017 |
Importance : |
114 p. |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Education aux médias:Revues:Cahiers du Cinéma
|
Mots-clés : |
Festival de Cannes |
Résumé : |
Les années se suivent et ne se ressemblent pas : en 2015, la compétition cannoise souffrait d’une surreprésentation de produits d’auteur sans âme ; en 2016 au contraire, elle impressionnait – de Maren Ade à Verhoeven, de Dolan à Almodóvar ou Refn, presque tous les films de l’année y étaient. Il y a une part de hasard (Verhoeven ne fait pas un film tous les ans) mais aussi des décisions cruciales : il suffit de deux ou trois films pour faire basculer entièrement la perception qu’on peut avoir d’une sélection. Maren Ade et Mendonça Filho auraient été absents, ou même relégués à Un certain regard, ce n’était plus la même chose. C’est ainsi que cette année, on a la joie de découvrir en compétition le nouveau film des frères Safdie, alors que leur précédent, Mad Love in New York, avait mis des mois à sortir dans l’indifférence quasi générale.
Seul Cannes a ainsi le pouvoir de faire débouler des cinéastes. Cannes change des vies. Et dans un contexte où il est si difficile de faire des films, cette assomption de l’auteur est très précieuse. Ce ne sont pas toujours les bonnes raisons qui font basculer dans la compétition (besoin de représentation féminine, présence d’une star…) mais qu’importe. Seul compte le résultat et la confiance dont fait preuve le festival en poussant sur le tapis rouge des nouveaux venus. Quand on voit le triomphe fait à Toni Erdmann, film allemand avec des acteurs inconnus, ou le retentissement au Brésil d’Aquarius, on mesure que la responsabilité est grande. Il faut oser mettre en Lumière, mettre dans l’amphithéâtre Lumière. Car c’est aussi la tonalité du festival qui s’en trouve changée et du coup, tout le cinéma d’auteur : oubliés les petits calculs opportunistes et misanthropes, soudain des films d’amour et de révolte emportent tout.
La responsabilité sur le cinéma français est particulière, la plupart des films s’alignant pour terminer à temps dans un embouteillage monstre. Il est important que le festival reste la vitrine des auteurs français et défende une idée française du cinéma, même si son hyper-visibilité déroute avec tout de même trois ouvertures : Desplechin (Officielle), Denis (Quinzaine), Amalric (Un certain regard). La Quinzaine n’a pas eu d’état d’âme et a fait le plein d’auteurs : Denis, Dumont, Garrel. Mais a-t-elle le choix ? Quand on voit comment Berlin s’est ridiculisé en refusant L’Amant d’un jour, heureusement que Cannes est là. Et faudrait-il laisser Jeannette à Venise, alors qu’on se demande comment le cinéaste le plus fou du moment n’a pas les honneurs de la compétition après Ma Loute ? Résultat, la découverte est souvent déportée vers les autres sections : c’est la Semaine de la critique qui a découvert Grave de Julia Ducournau l’an passé.
Mais la nouveauté de cette année est la concurrence entre les médias. L’annonce de la sélection a suscité des interrogations. L’événement cardinal du retour de Twin Peaks a été timidement annoncé, noyé après l’annonce de la saison 2 de Top of the Lake. Et pourquoi deux épisodes alors que quatre avaient été datés le 21 mai depuis longtemps par Showtime ? Seront-ils montrés en même temps que leur diffusion ? Encore plus incertain, le statut de deux films de la compétition produit par Netflix et d’abord prévus en exclusivité sur la plateforme VOD : Okja de Bong Joon-ho et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach sortiront-ils en salle ? Sinon ce serait une première que Cannes montre deux téléfilms (ou doit-on dire des netfilms ?). S’ils sortaient en salle, se plieront-ils à la chronologie des médias ? Netflix répond en novlangue : «Nous réfléchissons à la possibilité de distribuer ces deux œuvres dans des salles de cinéma françaises pour une durée limitée, en même temps que leur sortie sur notre service, tout en respectant la chronologie des médias.» Ce qui ne veut rien dire sinon un passage en force, et on connaît le refrain inepte et à la mode du «en même temps». Quand on sait aussi la bataille entre Lille et Cannes pour s’offrir un festival de séries, on voit quelles forces sont désormais en présence. Que le festival soit le lieu névralgique de ces questions est inévitable. Il faut bien vivre avec son temps. Et on peut le dire, Cannes fête crânement son 70ème anniversaire puisqu’il reste le festival le plus convoité du monde. |
Note de contenu : |
Éditorial
Mettre en Lumière par Stéphane Delorme
Cannes 2017
L’Amant d’un jour de Philippe Garrel
Femme fatale par Stéphane Delorme
Une trilogie freudienne entretien avec Philippe Garrel – par Stéphane Delorme
Jouer comme dans un rêve entretien avec Louise Chevillotte – par Stéphane Delorme
Rodin de Jacques Doillon
Le vivant de l’art par Nicolas Azalbert
Un drôle d’animal entretien avec Jacques Doillon – par Nicolas Azalbert
Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin
Aux doubles déraisonnables par Joachim Lepastier
Autres films cannois
Les trois frères entretien avec Josh & Benny Safdie – par Stéphane Delorme
Les photos de Claire photographies d’Isabelle Huppert
Le visage de Barbara Un après-midi en studio avec Mathieu Amalric – par Laura Tuillier
Un soleil, en attendant entretien avec Claire Denis – par Jean-Sébastien Chauvin
La mémoire au présent entretien avec Sergei Loznitsa – par Ariel Schweitzer
Promesses cannoises Sélection officielle, Un Certain Regard, Séances spéciales, Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, ACID
Cahier critique
Get out de Jordan Peele – par Nicholas Elliott
I Am Not Your Negro de Raoul Peck – par Camille Bui
Problemos d’Éric Judor – par Vincent Malausa
Notes sur d’autres films Un avant-poste du progrès (Hugo Vieira da Silva) – Bientôt les jours heureux (Alessandro Comodin) – Le Christ aveugle (Christopher Murray) – Plus jamais seul (Alex Anwandter) – Une famille heureuse (Nana Ekvtimishvili & Simon Groß) – Ghost in the Shell (Rupert Sanders) – Outsider (Philippe Falardeau) – Paul Sharits (François Miron) – Psiconautas (Alberto Vasquez & Pedro Rivero) – Saint-Georges (Marco Martins) – Voyage of Time (Terrence Malick)
Journal
Voyage Bolivie, de la théorie à la pratique
Rencontre Paris, Tanger : les deux amours de Moumen Smihi
Voyage Une Martinique caribéenne
Les Cahiers voyagent Semaine des Cahiers à Tokyo : on a toujours 20 ans
Exposition Mômes & Cie : l’enfance de l’art
Exposition Miroirs de Peter Campus
Exposition Manifesto de Julian Rosefeldt
DVD De l’autre côté du trou (Une sale histoire et Le Jardin des délices de Jérôme Bosch de Jean Eustache)
DVD Dans la nuit de Bukowski (The Bukowski Tapes de Barbet Schroeder)
DVD Paris vu par…
DVD Brancaleone s’en va-t-aux croisades de Mario Monicelli
Festivals Brive : filmer l’été
Festivals Le Cinéma du réel en combats
Festivals Play-Doc, un festival plein d’intuition
Festivals Fièvre Courtisane à Gand
News internationales
Disparitions Michael Ballhaus, Tomás Milián, Christine Kaufmann, Toshio Matsumoto, Park Nam-ok
Télé retrouvée
Histoires fantastiques de Steven Spielberg
Lumière et grands gamins par Florent Guézengar
Cinéma retrouvé
Lucio Fulci
L’horreur jusqu’à l’hypnose par Vincent Malausa
La trilogie de la morte vivante par Stéphane du Mesnildot
Entretien
Blumhouse Productions
La maison Blum entretien avec Jason Blum – par Nicholas Elliott
BD
Misfits par Luz |
[n° ou bulletin] est un bulletin de
733 - Mai 2017 - Cannes 2017 [texte imprimé] . - 2017 . - 114 p. Langues : Français ( fre)
Catégories : |
Education aux médias:Revues:Cahiers du Cinéma
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Mots-clés : |
Festival de Cannes |
Résumé : |
Les années se suivent et ne se ressemblent pas : en 2015, la compétition cannoise souffrait d’une surreprésentation de produits d’auteur sans âme ; en 2016 au contraire, elle impressionnait – de Maren Ade à Verhoeven, de Dolan à Almodóvar ou Refn, presque tous les films de l’année y étaient. Il y a une part de hasard (Verhoeven ne fait pas un film tous les ans) mais aussi des décisions cruciales : il suffit de deux ou trois films pour faire basculer entièrement la perception qu’on peut avoir d’une sélection. Maren Ade et Mendonça Filho auraient été absents, ou même relégués à Un certain regard, ce n’était plus la même chose. C’est ainsi que cette année, on a la joie de découvrir en compétition le nouveau film des frères Safdie, alors que leur précédent, Mad Love in New York, avait mis des mois à sortir dans l’indifférence quasi générale.
Seul Cannes a ainsi le pouvoir de faire débouler des cinéastes. Cannes change des vies. Et dans un contexte où il est si difficile de faire des films, cette assomption de l’auteur est très précieuse. Ce ne sont pas toujours les bonnes raisons qui font basculer dans la compétition (besoin de représentation féminine, présence d’une star…) mais qu’importe. Seul compte le résultat et la confiance dont fait preuve le festival en poussant sur le tapis rouge des nouveaux venus. Quand on voit le triomphe fait à Toni Erdmann, film allemand avec des acteurs inconnus, ou le retentissement au Brésil d’Aquarius, on mesure que la responsabilité est grande. Il faut oser mettre en Lumière, mettre dans l’amphithéâtre Lumière. Car c’est aussi la tonalité du festival qui s’en trouve changée et du coup, tout le cinéma d’auteur : oubliés les petits calculs opportunistes et misanthropes, soudain des films d’amour et de révolte emportent tout.
La responsabilité sur le cinéma français est particulière, la plupart des films s’alignant pour terminer à temps dans un embouteillage monstre. Il est important que le festival reste la vitrine des auteurs français et défende une idée française du cinéma, même si son hyper-visibilité déroute avec tout de même trois ouvertures : Desplechin (Officielle), Denis (Quinzaine), Amalric (Un certain regard). La Quinzaine n’a pas eu d’état d’âme et a fait le plein d’auteurs : Denis, Dumont, Garrel. Mais a-t-elle le choix ? Quand on voit comment Berlin s’est ridiculisé en refusant L’Amant d’un jour, heureusement que Cannes est là. Et faudrait-il laisser Jeannette à Venise, alors qu’on se demande comment le cinéaste le plus fou du moment n’a pas les honneurs de la compétition après Ma Loute ? Résultat, la découverte est souvent déportée vers les autres sections : c’est la Semaine de la critique qui a découvert Grave de Julia Ducournau l’an passé.
Mais la nouveauté de cette année est la concurrence entre les médias. L’annonce de la sélection a suscité des interrogations. L’événement cardinal du retour de Twin Peaks a été timidement annoncé, noyé après l’annonce de la saison 2 de Top of the Lake. Et pourquoi deux épisodes alors que quatre avaient été datés le 21 mai depuis longtemps par Showtime ? Seront-ils montrés en même temps que leur diffusion ? Encore plus incertain, le statut de deux films de la compétition produit par Netflix et d’abord prévus en exclusivité sur la plateforme VOD : Okja de Bong Joon-ho et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach sortiront-ils en salle ? Sinon ce serait une première que Cannes montre deux téléfilms (ou doit-on dire des netfilms ?). S’ils sortaient en salle, se plieront-ils à la chronologie des médias ? Netflix répond en novlangue : «Nous réfléchissons à la possibilité de distribuer ces deux œuvres dans des salles de cinéma françaises pour une durée limitée, en même temps que leur sortie sur notre service, tout en respectant la chronologie des médias.» Ce qui ne veut rien dire sinon un passage en force, et on connaît le refrain inepte et à la mode du «en même temps». Quand on sait aussi la bataille entre Lille et Cannes pour s’offrir un festival de séries, on voit quelles forces sont désormais en présence. Que le festival soit le lieu névralgique de ces questions est inévitable. Il faut bien vivre avec son temps. Et on peut le dire, Cannes fête crânement son 70ème anniversaire puisqu’il reste le festival le plus convoité du monde. |
Note de contenu : |
Éditorial
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Notes sur d’autres films Un avant-poste du progrès (Hugo Vieira da Silva) – Bientôt les jours heureux (Alessandro Comodin) – Le Christ aveugle (Christopher Murray) – Plus jamais seul (Alex Anwandter) – Une famille heureuse (Nana Ekvtimishvili & Simon Groß) – Ghost in the Shell (Rupert Sanders) – Outsider (Philippe Falardeau) – Paul Sharits (François Miron) – Psiconautas (Alberto Vasquez & Pedro Rivero) – Saint-Georges (Marco Martins) – Voyage of Time (Terrence Malick)
Journal
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Rencontre Paris, Tanger : les deux amours de Moumen Smihi
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