[n° ou bulletin] est un bulletin de
| Titre : |
1087 - D'après l'antique |
| Type de document : |
texte imprimé |
| Année de publication : |
2015 |
| Note générale : |
La formule a beaucoup servi, souvent, il faut bien le dire, à propos de tout
et de n’importe quoi. L’auteur, on le sait, en est David (pas Jean-Louis, le coiffeur ; Jacques-Louis, le peintre). Ce qu’on sait moins en revanche, c’est que la phrase, dans sa version intégrale – « Oh ! Mes amis, quelle belle tête il a ! C’est pur, c’est grand, c’est beau comme l’antique ! » –, désignait… un petit général corse nommé Napoléon Bonaparte ! L’image n’a certes pas de quoi surprendre de la part du chef de file du mouvement néoclassique, même si le maître fut bientôt dépassé par les plus radicaux de ses élèves, les fameux « barbus », qui poussaient la passion « anticolâtre » jusqu’à s’habiller en toge !
Au-delà du néoclassicisme (de tous les néoclassicismes), l’Antiquité aura
constitué pour l’art occidental, et cela de manière quasi ininterrompue, un fonds apparemment inépuisable de formes, de décors, d’objets, de lieux, de figures, de récits…, univers a priori assez familier du spectateur-lecteur pour dispenser l’artiste des longues présentations et lui permettre d’aller à l’essentiel, situé ailleurs. Ce n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui, mais ça l’est encore un peu : un temple à colonnes doriques, un dieu brandissant un éclair ou se changeant en cygne, un homme qui tue son père et épouse sa mère, les mots demokratia et res publica, les noms de César, Auguste ou Néron… cela continue de nous parler. La publicité le sait bien.
Et puis, il y a le modèle, réputé indépassable, enjeu d’on ne sait plus combien de querelles des anciens et des modernes. Paradoxe d’une civilisation dont toute l’histoire témoigne de son obsession du changement, de l’innovation, de la transgression et qui se donne pour idéal non un horizon à atteindre mais un exemple à suivre. Et cela tant sur le plan esthétique que philosophique ou politique (combien de nouvelles Rome ou Athènes, de nouveaux César ou Alexandre ?...). Paradoxe, peut-être, mais pas contradiction : après tout, chacun sait qu’il faut une norme pour la dépasser, une loi pour l’enfreindre. On en voit aujourd’hui chercher désespérément leur antique, et cela fait un peu peine à voir. |
| Langues : |
Français (fre) |
| Catégories : |
Education aux médias
Education aux médias:Image statique:Histoire et théorie des arts plastiques
Education aux médias:Image statique:Image et enseignement
Education par les médias:Sciences humaines:Histoire:Antiquité (-3000 à 600)
|
| Mots-clés : |
querelle des anciens et des modernes néoclassicisme arts du XVII ème siècle |
| Index. décimale : |
14 Histoire et théorie des arts plastiques |
| Note de contenu : |
06/07 L’essentiel
08/15 Des racines et des fruits > PAR PHILIPPE MALGOUYRES
16/19 Le goût des grotesques > PAR AGNÈS BOS
20/21 L’invention du musée public > PAR PHILIPPE MALGOUYRES
22/23 Le moment Winckelmann > PAR DANIELA GALLO
24/27 Rome, un imaginaire politique > PAR CLAUDE AZIZA
28/29 « Dans l’ADN du Louvre » > INTERVIEW DE JEAN-LUC
MARTINEZ
46/47 Sur la Toile > PAR CHRISTIANE REBATTET
48 Ressources
30/45 ÉTUDES DE DOCUMENTS
30/31 Paestum ou la Grèce retrouvée > PAR OLGA MEDVEDKOVA
32/33 L’architecture antique « in-folio » > PAR OLGA MEDVEDKOVA
34/35 Caravage : un hommage en toute liberté > PAR BENJAMIN COUILLEAUX
36/37 Poussin et l’antique > PAR PHILIPPE MALGOUYRES
38/39 Un artiste néoclassique : Antonio Canova > PAR PHILIPPE MALGOUYRES
40/41 L’Apollon du Belvédère > PAR PHILIPPE MALGOUYRES
42/43 L’Antiquité onirique de Gustave Moreau > PAR MARIE-CÉCILE FOREST
44/45 Variations contemporaines > PAR JEAN-ROCH BOUILLER |
| Genre : |
Revue pédagogique |
[n° ou bulletin] est un bulletin de
1087 - D'après l'antique [texte imprimé] . - 2015. La formule a beaucoup servi, souvent, il faut bien le dire, à propos de tout
et de n’importe quoi. L’auteur, on le sait, en est David (pas Jean-Louis, le coiffeur ; Jacques-Louis, le peintre). Ce qu’on sait moins en revanche, c’est que la phrase, dans sa version intégrale – « Oh ! Mes amis, quelle belle tête il a ! C’est pur, c’est grand, c’est beau comme l’antique ! » –, désignait… un petit général corse nommé Napoléon Bonaparte ! L’image n’a certes pas de quoi surprendre de la part du chef de file du mouvement néoclassique, même si le maître fut bientôt dépassé par les plus radicaux de ses élèves, les fameux « barbus », qui poussaient la passion « anticolâtre » jusqu’à s’habiller en toge !
Au-delà du néoclassicisme (de tous les néoclassicismes), l’Antiquité aura
constitué pour l’art occidental, et cela de manière quasi ininterrompue, un fonds apparemment inépuisable de formes, de décors, d’objets, de lieux, de figures, de récits…, univers a priori assez familier du spectateur-lecteur pour dispenser l’artiste des longues présentations et lui permettre d’aller à l’essentiel, situé ailleurs. Ce n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui, mais ça l’est encore un peu : un temple à colonnes doriques, un dieu brandissant un éclair ou se changeant en cygne, un homme qui tue son père et épouse sa mère, les mots demokratia et res publica, les noms de César, Auguste ou Néron… cela continue de nous parler. La publicité le sait bien.
Et puis, il y a le modèle, réputé indépassable, enjeu d’on ne sait plus combien de querelles des anciens et des modernes. Paradoxe d’une civilisation dont toute l’histoire témoigne de son obsession du changement, de l’innovation, de la transgression et qui se donne pour idéal non un horizon à atteindre mais un exemple à suivre. Et cela tant sur le plan esthétique que philosophique ou politique (combien de nouvelles Rome ou Athènes, de nouveaux César ou Alexandre ?...). Paradoxe, peut-être, mais pas contradiction : après tout, chacun sait qu’il faut une norme pour la dépasser, une loi pour l’enfreindre. On en voit aujourd’hui chercher désespérément leur antique, et cela fait un peu peine à voir. Langues : Français ( fre) |
Accueil
