[n° ou bulletin] est un bulletin de
Titre : |
62 - Juin 2008 - Publier, un acte scolaire? : 10 monographies d'expériences |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Collectif, Auteur |
Importance : |
1 revue |
Note générale : |
Comment maîtriser l'activité de publication, apparemment si facile, en favorisant un authentique travail de création de l'information et en construisant la compatibilité entre les exigences pédagogiques et l'exigence éditoriale ? Dix expériences dans lesquelles l'imagination des enseignants et l'inventivité des élèves ont trouvé à s'exercer, leur déroulement, l’analyse de leur démarche éducative. |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Education aux médias:Enseignement et animation:Usages scolaires des médias Education aux médias:Information/Journalisme:Information et enseignement Education aux médias:Littérature:Presse écrite Education aux médias:Nouvelles technologies de l'information et de la communication:Réseaux sociaux Education aux médias:Nouvelles technologies de l'information et de la communication:TICE (NTIC et enseignement)
|
Index. décimale : |
50.2 Réseaux sociaux |
Note de contenu : |
Éditorial
Pourquoi faire connaître dix expériences une seconde fois ?
Les productions d’élèves sont présentes dans le paysage médiatique et, si Les Dossiers…, le Clemi1 et l’Orme2 ont décidé de présenter dix expériences de publication, c’est évidemment parce que l’inventivité des élèves et l’imagination pédagogique des enseignants et des éducateurs s’y déploient avec un certain talent. Mais c’est aussi pour une raison qui relève des paradoxes de la publication.
Des questions restées sans réponse
Depuis dix ans, au fil des numéros consacrés à ce thème, nous suivons l’évolution de ces questions.
1998. « Publie toujours, qui te lira ? […] Le système ne s'effondrera pas sous le poids des pages mises en ligne et non lues ; il s’autorégulera en écrasant les médiatiquement faibles. […] Toute parution modifie plus ou moins sensiblement le champ de communication où elle a lieu ; tout nouveau site web qui se crée sans déplacer aucune des règles en vigueur dans les sites déjà existants risque de passer inaperçu. Les capacités d’invention montrées par leurs auteurs ne sont pas plus reproductibles que les effets médiatiques qui s’y attachent. […] Le Web est une chance donnée aux créateurs qui se font connaître en tirant parti du “jeu” créé par le passage d’un système de communication à un autre3. »
2001 : « Les lois de la publication ne sont pas solubles dans la mise en ligne ; au contraire, le Web éducatif, de mieux en mieux structuré, laisse moins de jeu aux nouveaux arrivants4. »
2003. « Lorsqu'une publication est commentée, présentée comme exemplaire – lorsqu'elle est publiée une seconde fois –, elle peut d'autant moins être imitée. Comment faire5 ? »
On pourrait donc nous objecter qu’en mettant en avant des expériences qui ont réussi à toucher – à créer – leur public, nous risquons de les renforcer encore au détriment des nouveaux venus.
Les éléments de maîtrise d’une nouvelle sociabilité
Mais, si nous avons demandé à ceux qui œuvrent aujourd’hui dans ce domaine avec bonheur de raconter leur expérience et d’en analyser les enjeux, ce n’est pas pour les publier une seconde fois, de telle sorte qu’il ne reste plus d’espace pour les autres, ce n’est pas non plus parce que les blogs, podcasts, vidéocasts ou diffusion radiophonique que pratiquent quelques-uns d’entre eux relèvent de la mode et de l’exotisme – pour combien de temps encore d’ailleurs ?
C’est parce que, pour peu qu’une tentative réussisse, les motivations qui ont poussé à se lancer dans une action de publication sont rarement explicitées, dans ce cas considérées comme évidentes, alors qu’elles n’ont de sens dans l’univers éducatif que si elles favorisent un authentique travail d’information ou de création et surtout si elles rendent compatibles les exigences pédagogiques et l'exigence éditoriale.
Dans le cadre de cette nouvelle sociabilité pédagogique qui conduit les élèves à devenir auteurs et donc les enseignants à devenir leur éditeur ou leur producteur, on découvre quelle sorte d’aide peut apporter la maîtrise des partenaires – journalistes, artistes, écrivains, experts scientifiques, techniciens de la radio et de la voix, professionnels des médias.
Voilà pourquoi nous n’avons même pas hésité, dans un contexte général tourné vers Internet et d’autres médias, à solliciter certaines expériences partiellement ou totalement étrangères aux TIC et, autant l’affirmer, parfois tout à fait absentes du paysage médiatique : ce voyage scolaire ci, cette fête de fin d’année là, cette confrontation réussie de quelques élèves en difficulté avec une salle comble sont des analyseurs irremplaçables de la question des productions d’élèves et de leur publication.
Enjeux et Initiatives
Publier, quelle drôle d’idée !
Si les travaux scolaires sont habituellement confidentiels, l’idée a maintenant fait son chemin de les divulguer
à un public plus ou moins large, plus ou moins repérable. C’est le sens didactique de ce geste que l’on souhaite ici mettre en lumière et en débat.
À lire
Se socialiser, prendre des responsabilités
Quand on a 17 ans, un peu plus ou un peu moins, et que l’on est presque – ou déjà – un électeur, tout en étant lycéen, on peut avoir envie d’être sérieux sans l’être tout à fait. Le lieu géographique ou virtuel d’apprentissage du geste politique doit revêtir les contours flous de cet entre-deux. Et malgré la profusion des espaces d’expression d’Internet, ce lieu reste aussi rare que nécessaire. Le journal scolaire, même « lycéen », est souvent limité par des impératifs de neutralité qui ne permettent pas une réelle expression des points de vue. Les blogs personnels, créés et fréquentés par les lycéens, habitent sur des plateformes cocons, où chacun campe dans son chez-soi virtuel, soumis à la seule dictature du compteur de visites. Ils sont donc peu propices à la confrontation d’idées. Quant aux sites dits de « journalisme citoyen », ils sont d’un abord difficile pour qui n’est pas rompu aux polémiques politiciennes, surtout s’il s’agit de s’y exprimer soi-même. Ainsi, ni l’école, ni la communauté du Web ne peuvent répondre seules à certaines exigences d’expression et de confrontation d’opinions que la société se doit pourtant d’offrir aux lycéens si elle prétend les préparer à leur vie citoyenne. C’est probablement à partir de la création d’interfaces entre la protection éducative et la prise de risque du monde social, que se dessineront les supports adéquats de l’expression lycéenne, responsabilisée dans une mesure acceptable. Les élections présidentielles de 2007 ont fourni l’occasion d’une expérience, à ce titre remarquable, dans un cadre de publication à la fois souple et protégé. Ce ne fut d’ailleurs pas sans rencontrer de multiples questions – surtout relatives à la liberté d’expression – auxquelles il a fallu inventer des réponses. Il faut probablement y voir une esquisse de conditions didactiques nécessaires à cet apprentissage.
• Le même besoin de socialiser sa parole, parfois aussi de tester la transgression autrement que dans des actes physiques, et de la sublimer par un accès à l’art, peut conduire des élèves en grave rupture sociale à s’investir dans un projet de publication. La médiation artistique et culturelle autorise en effet l’expression de la révolte ou de la détresse, à condition qu’elle soit menée avec tous les égards nécessaires à des enfants et des jeunes adolescents en souffrance. L’enjeu est de retrouver le lien entre soi et les autres ; la démarche est de s’écouter soi-même, tout en s’appropriant le regard d’un artiste, pour donner à autrui quelque chose à comprendre de soi. Et pour que le message aboutisse, il faudra bien apprendre à décrypter les langages du média et à faire sienne la technicité de la production. Lorsque les mots sont des obstacles, la force symbolique de l’image que l’on apprend à créer, à manipuler et à transmettre peut devenir le terreau de l’estime de soi et le fondement d’une éducation à la citoyenneté.
• Plus surprenants peut-être paraîtront les attendus éducatifs d’une fête de fin d’année. La particularité de cette forme de publication de travaux scolaires est qu’elle soumet les élèves à des regards certes mélangés, mais généralement bienveillants. On retrouve ici l’idée de lieu intermédiaire où la confrontation au monde extérieur reste protégée tout en étant réelle. Et cet effet de réel, accompagné de la solennité d’un acte conclusif, transforme l’événement en un rite de passage qui doit faire grandir chacun des élèves. On y verra un temps où le collectif prime et où chacun dépend aussi des autres, mais aussi un espace social où chaque élève, par son travail exposé aux regards, peut accéder à une place « d’élite identifiée par ses réalisations ».
Le blog des présidentielles, un quotidien politique lycéen, national et interactif
En 2007, le Clemi a animé le blog de Phosphore et du Mouv’ qui donnait la parole aux journalistes lycéens pour commenter l’actualité de la campagne des élections présidentielles. Cette expérience originale d’expression publique sur l’actualité politique était, à l’aune d’Internet, hybride à plus d’un titre. Elle se situait au carrefour de la culture « presse écrite » et des pratiques des jeunes sur Internet, de l’institution scolaire et de l’espace public, de la réflexion spontanée et du discours argumenté, des sympathies partisanes et du pluralisme.
À lire (PDF, 281 ko)
Exporter son travail pour renouer avec la vie en société
À l’institut thérapeutique éducatif et pédagogique Saint-Yves d’Aix-en-Provence, faire connaître à l’extérieur les productions des enfants constitue le cœur de toute démarche éducative. Les élèves expérimentent ainsi un nouveau type de relations avec le monde « ordinaire », dans la perspective de renouer avec des établissements scolaires classiques et plus généralement une vie classique en société. L’équipe éducative, quant à elle, s’appuie sur les apprentissages pour valoriser ces élèves en rupture, mais aussi l’institut dans lequel ils évoluent ; elle se nourrit en retour des réussites dans un contexte de travail souvent très difficile. Voici la preuve qu’il est possible de réconcilier des enfants en rupture avec le monde social en leur donnant un rôle de médiateurs culturels dans un espace public.
À lire (PDF, 466 ko)
La fête de fin d’année une interface à investir
Une manifestation unplugged dans cette revue ? Un atelier d’écriture qui n’utilise pas le traitement de texte dans Les Dossiers… ? Oui, parce que la fête de fin d'année peut investir un univers culturel varié et ouvert aux regards extérieurs, pour nourrir une synthèse positive des projets aboutis. Et parce que ce récit éclaire d’un jour particulier les expériences de publication qu’il voisine.
Dynamiser les apprentissages disciplinaires
Traditionnellement, les productions scolaires restent confidentielles. Si les copies d’élèves ne sont pas publiées, si elles sont uniquement connues du professeur et de l’élève, c’est bien plus sûrement parce que ce dernier ne doit pas avoir à souffrir d’une éventuelle piètre qualité de son travail, en dehors de sa relation avec l’enseignant.
Quelles peuvent être, dans ce contexte de protection dû à l’élève par l’institution, les raisons de rendre publics des travaux scolaires ? Dans quelles conditions cette ouverture aux regards va-t-elle être bénéfique aux apprentissages, sans prendre le risque de mettre en danger le cadre contractuel de sécurité de l’élève ? L’écueil d’une dévalorisation pouvant être aussi délétère qu’une survalorisation peu conforme à la juste évaluation qui lui est due.
• Dans tel blog de classe, un professeur de français verra le moyen de donner une caisse de résonance aux productions des élèves. La diffusion sur Internet vise alors non pas l’internaute lambda, mais principalement les autres élèves de la classe ou des autres classes, les professeurs et les familles. Seule la communauté scolaire locale est visée, même si, potentiellement, le public a accès au blog. Il s’agit d’ailleurs d’une des ambiguïtés majeures des publications à visée d’accompagnement de l’enseignement disciplinaire. De la publication locale, on tirera des bénéfices s’agissant des destinataires des travaux, de la motivation des élèves, de la dynamique de l’évaluation, de la mise en débat des propos des uns ou des autres ou de relation avec les familles. En raison de la dimension ouverte de cette publication, on apprendra, par nécessité, quelques règles de comportement dans l’espace public virtuel.
• La pratique innovante constitue un ressort dont la publication potentialise de nombreux aspects. Il s’agira notamment de donner du sens aux apprentissages, par exemple en permettant à des élèves en difficulté de se structurer autour d’un projet qui ne restera pas enfermé dans un placard, et dont on percevra le bénéfice des effets en retour. Les techniques numériques de dernière génération sont alors exploitées et parfois détournées de leur usage convenu. Ainsi, la baladodiffusion vidéo sera-t-elle utilisée au-delà de la seule position de récepteur, puisqu’il s’agira aussi de concevoir et de fabriquer les contenus ainsi diffusés.
• L’un des atouts pédagogiques de l’acte de publication est aussi la possibilité technique, aujourd’hui accessible, de faire expérimenter aux élèves le sens, les contraintes et les exigences de la publication scientifique.
Un cadre d’expérimentation, des observations de terrain, des relevés soigneux et l’accompagnement d’un chercheur seront l’occasion de développer les moyens techniques pour communiquer des résultats, tout en s’attachant à la rigueur et à la prise de responsabilité scientifiques. On peut y reconnaître quelques-unes des conditions d’une bonne santé épistémologique.
• Dans l’enseignement des langues, la pédagogie de l’échange à distance rejoint souvent celle de la publication. On y retrouve les besoins d’une communauté éducative, par exemple, ceux de deux classes de deux pays différents qui préparent un projet commun. La publication sur un site ne vise pas tant la diffusion large que le moyen commode de partager à distance et de réaliser un dossier multimédia consultable ici ou là. Mais le soin que l’on apporte à la qualité linguistique du résultat, comme aux problématiques étudiées, donnera à la production une dimension éditoriale assumée.
La caisse de résonance et le blogfolio, des blogs en cours de français
Les professeurs de français sont de plus en plus nombreux à créer des blogs de classe : destinés à recueillir avec plus ou moins de bonheur les travaux des élèves, à structurer la vie de la classe ou à servir de support pour un projet impliquant l’ensemble des élèves, leurs vertus pédagogiques n’ont à envier que leurs vertus éditoriales.
Le JT des bonnes nouvelles à l’école et ses outils nomades
L’histoire d’un journal télévisé scolaire qui ne diffuse que de bonnes nouvelles, et celle d’un engagement précoce dans la baladodiffusion, pour conjurer le sort et la mainmise des médias audiovisuels sur les élèves. Car l’école est en première ligne pour leur donner les clés qui leur permettront de décoder les flux d’informations qu’ils reçoivent.
Les apports d’une publication numérique à la sortie géologique de 1re S
Comment une sortie géologique peut-elle, en étant associée à une publication numérique, prendre du sens dans une région d’un intérêt géologique réduit au regard des notions abordées en 1re S ? Cette expérience menée lors de la sortie de terrain obligatoire permet de développer des compétences cognitives curriculaires, mais aussi des compétences méthodologiques en sciences et dans la maîtrise de l’outil informatique, en rapport avec les compétences du B2i lycée.
Éclairages suisses, Projekt Schweiz, les récits de voyage d’une section européenne
Les enjeux et les méthodes de l’enseignement des langues, ceux du voyage linguistique et ceux de l’échange et de la publication sur Internet se recoupent dans une expérience qui va de la ville de Kreuzlingen, en Suisse, au site web d’un lycée de l’académie de Versailles.
Partager des créations littéraires et artistiques
Dès lors qu’elle s’assume en tant qu’œuvre, la création littéraire ou artistique s’accommode mal de la confidentialité. Depuis longtemps, l’École a recherché les supports adéquats pour donner le public qui leur convient à ces formes d’expression des élèves. Et, au travers de ce public, c’est le retour juste, celui qui permet de progresser, qui est attendu. Quoi de plus décourageant qu’une exposition sans visiteurs, qu’une salle vide pour un concert ou une pièce de théâtre ? Bien sûr, on peut toujours compter sur la présence des familles. Mais la recherche de la belle image souvenir, l’œil rivé derrière le viseur de la caméra, n’est pas le retour juste… Comment, dès lors, les technologies numériques permettent-elles de donner une meilleure réception à ces créations ? Comment les élèves peuvent-ils eux-mêmes devenir les médiateurs de grandes œuvres ? Comment le partenariat avec des médias professionnels permet-il aux élèves de toucher un public réel, moins inconditionnel que leurs familles ?
• Il existe des lieux scolaires où l’apprentissage maîtrisé de la parole publique fait partie du cursus des élèves. L’outil est ici une station de radio dans un collège, dont la vocation pédagogique est assumée et qui constitue un véritable laboratoire des pratiques scolaires dans ce domaine. De ce laboratoire naissent parfois des œuvres sonores, dont la diffusion radiophonique est complétée par d’autres supports d’édition professionnelle bien au-delà du monde scolaire. L’œuvre sonore dont la genèse est relatée dans ce chapitre relie les apprentissages en histoire et en français – à propos des Lettres de poilus de la Première Guerre mondiale ou du genre épistolaire –, les techniques de travail de la voix et l’exploration des émotions artistiques.
• S’engager dans un partenariat avec une chaîne de radio culturelle peut aussi conduire à une exigence professionnelle quant à la qualité de ce que les élèves proposent à l’écoute d’un large public. C’est une occasion unique pour des lycéens en option musique de rencontrer des compositeurs, de les interviewer, de vivre la culture musicale au milieu de ceux qui la font, et de prendre la responsabilité de participer dans le cadre de leurs cours de spécialité à une programmation annuelle sous le contrôle final, bienveillant mais ferme, des professionnels.
• Il arrive qu’un projet national, une commémoration, un concours ou un prix littéraire, fournisse un cadre à des travaux scolaires plus exposés qu’à l’ordinaire. On verra comment le centenaire de la naissance de René Char a pu donner lieu à des créations scolaires issues de l’école primaire jusqu’aux classes post-bac. Celles qui sont présentées ici revendiquent la publication comme partie intégrale de la création poétique ou théâtrale, parce que c’est sa communication elle-même qui donne sens et générosité à l’expression. S’adresser à l’enseignant ne suffit plus ; il s’agit d’éprouver la langue sur le monde, au-delà de la maison scolaire. Freinet utilisait l’imprimerie, les classes d’aujourd’hui doivent s’approprier les moyens modernes pour diffuser des mots faits pour être partagés. On y trouvera mêlées des créations poétiques d’élèves issues d’une rencontre avec les textes de l’auteur, comme des mises en voix ou des représentations théâtrales. Tous les supports de diffusion coexistent ou se complètent, du papier au site internet.
Lettres de poilus, diffusion radiophonique et édition professionnelle sur CD d’un travail d’atelier en lycée
La radio en milieu scolaire vise à faire reconnaître et respecter l’expression des jeunes en les rendant acteurs des médias. Pratiquant depuis plus de 15 ans dans diverses formes d’activités pédagogiques en ce sens, la cité scolaire Paul-Scarron avec sa radio, Fréquence-Sillé, diversifie les supports de diffusion de productions d’élèves. La dernière, parue aux éditions L’Harmattan début 2008, est un CD de mise en onde de lettres de poilus par des élèves de 1re. Les divers personnages de cette histoire témoignent : le responsable de la radio, l’enseignante, la technicienne vocale, l’organisatrice d’un festival partenaire, l’éditeur du CD, les interprètes,
le proviseur…
Radio Classique Lycéens – Les lycéens font leur cinéma ou comment les lycéens prennent l’antenne de Radio Classique
Radio Classique Lycéens – à quoi s’ajoute depuis la rentrée 2007 Les lycéens font leur cinéma – reste un projet partenarial singulier et exemplaire. Singulier car il investit un média de grande diffusion en confiant une lourde responsabilité à des élèves qui, au départ du projet, sont très loin d’en mesurer le poids et les exigences. Exemplaire car il associe deux acteurs et deux perspectives a priori divergentes – service public de l’éducation et entreprise privée – autour d’une valeur partagée visant la transmission du patrimoine musical et l’intelligence des médias.
L’École dans les pas du Poète : René Char 2007, écrire, publier, mettre en voix… ou l’essor d’un centenaire
Pour introduire la démarche suivie par les élèves dans cette expérience, voici trois citations tirées
des témoignages de leurs professeurs.
« Pour la phase de maturation lente, profonde et personnelle, avoir à sa disposition un cahier toujours disponible et non consultable par autrui s’est vite imposé pour les élèves comme une évidente nécessité. »
« Passer du cahier, objet intime, à l’écran, fait du texte un objet public : chacun a décidé lui-même du moment de la saisie du poème sur ordinateur, de la police et de la mise en pages les mieux adaptées. »
« La perspective de la publication n’était pas un objectif préétabli du projet : elle est née du désir des élèves de partager leur parcours artistique. » |
Pays : |
France |
Niveau : |
Secondaire et + |
[n° ou bulletin] est un bulletin de
62 - Juin 2008 - Publier, un acte scolaire? : 10 monographies d'expériences [texte imprimé] / Collectif, Auteur . - 1 revue. Comment maîtriser l'activité de publication, apparemment si facile, en favorisant un authentique travail de création de l'information et en construisant la compatibilité entre les exigences pédagogiques et l'exigence éditoriale ? Dix expériences dans lesquelles l'imagination des enseignants et l'inventivité des élèves ont trouvé à s'exercer, leur déroulement, l’analyse de leur démarche éducative. Langues : Français ( fre)
Catégories : |
Education aux médias:Enseignement et animation:Usages scolaires des médias Education aux médias:Information/Journalisme:Information et enseignement Education aux médias:Littérature:Presse écrite Education aux médias:Nouvelles technologies de l'information et de la communication:Réseaux sociaux Education aux médias:Nouvelles technologies de l'information et de la communication:TICE (NTIC et enseignement)
|
Index. décimale : |
50.2 Réseaux sociaux |
Note de contenu : |
Éditorial
Pourquoi faire connaître dix expériences une seconde fois ?
Les productions d’élèves sont présentes dans le paysage médiatique et, si Les Dossiers…, le Clemi1 et l’Orme2 ont décidé de présenter dix expériences de publication, c’est évidemment parce que l’inventivité des élèves et l’imagination pédagogique des enseignants et des éducateurs s’y déploient avec un certain talent. Mais c’est aussi pour une raison qui relève des paradoxes de la publication.
Des questions restées sans réponse
Depuis dix ans, au fil des numéros consacrés à ce thème, nous suivons l’évolution de ces questions.
1998. « Publie toujours, qui te lira ? […] Le système ne s'effondrera pas sous le poids des pages mises en ligne et non lues ; il s’autorégulera en écrasant les médiatiquement faibles. […] Toute parution modifie plus ou moins sensiblement le champ de communication où elle a lieu ; tout nouveau site web qui se crée sans déplacer aucune des règles en vigueur dans les sites déjà existants risque de passer inaperçu. Les capacités d’invention montrées par leurs auteurs ne sont pas plus reproductibles que les effets médiatiques qui s’y attachent. […] Le Web est une chance donnée aux créateurs qui se font connaître en tirant parti du “jeu” créé par le passage d’un système de communication à un autre3. »
2001 : « Les lois de la publication ne sont pas solubles dans la mise en ligne ; au contraire, le Web éducatif, de mieux en mieux structuré, laisse moins de jeu aux nouveaux arrivants4. »
2003. « Lorsqu'une publication est commentée, présentée comme exemplaire – lorsqu'elle est publiée une seconde fois –, elle peut d'autant moins être imitée. Comment faire5 ? »
On pourrait donc nous objecter qu’en mettant en avant des expériences qui ont réussi à toucher – à créer – leur public, nous risquons de les renforcer encore au détriment des nouveaux venus.
Les éléments de maîtrise d’une nouvelle sociabilité
Mais, si nous avons demandé à ceux qui œuvrent aujourd’hui dans ce domaine avec bonheur de raconter leur expérience et d’en analyser les enjeux, ce n’est pas pour les publier une seconde fois, de telle sorte qu’il ne reste plus d’espace pour les autres, ce n’est pas non plus parce que les blogs, podcasts, vidéocasts ou diffusion radiophonique que pratiquent quelques-uns d’entre eux relèvent de la mode et de l’exotisme – pour combien de temps encore d’ailleurs ?
C’est parce que, pour peu qu’une tentative réussisse, les motivations qui ont poussé à se lancer dans une action de publication sont rarement explicitées, dans ce cas considérées comme évidentes, alors qu’elles n’ont de sens dans l’univers éducatif que si elles favorisent un authentique travail d’information ou de création et surtout si elles rendent compatibles les exigences pédagogiques et l'exigence éditoriale.
Dans le cadre de cette nouvelle sociabilité pédagogique qui conduit les élèves à devenir auteurs et donc les enseignants à devenir leur éditeur ou leur producteur, on découvre quelle sorte d’aide peut apporter la maîtrise des partenaires – journalistes, artistes, écrivains, experts scientifiques, techniciens de la radio et de la voix, professionnels des médias.
Voilà pourquoi nous n’avons même pas hésité, dans un contexte général tourné vers Internet et d’autres médias, à solliciter certaines expériences partiellement ou totalement étrangères aux TIC et, autant l’affirmer, parfois tout à fait absentes du paysage médiatique : ce voyage scolaire ci, cette fête de fin d’année là, cette confrontation réussie de quelques élèves en difficulté avec une salle comble sont des analyseurs irremplaçables de la question des productions d’élèves et de leur publication.
Enjeux et Initiatives
Publier, quelle drôle d’idée !
Si les travaux scolaires sont habituellement confidentiels, l’idée a maintenant fait son chemin de les divulguer
à un public plus ou moins large, plus ou moins repérable. C’est le sens didactique de ce geste que l’on souhaite ici mettre en lumière et en débat.
À lire
Se socialiser, prendre des responsabilités
Quand on a 17 ans, un peu plus ou un peu moins, et que l’on est presque – ou déjà – un électeur, tout en étant lycéen, on peut avoir envie d’être sérieux sans l’être tout à fait. Le lieu géographique ou virtuel d’apprentissage du geste politique doit revêtir les contours flous de cet entre-deux. Et malgré la profusion des espaces d’expression d’Internet, ce lieu reste aussi rare que nécessaire. Le journal scolaire, même « lycéen », est souvent limité par des impératifs de neutralité qui ne permettent pas une réelle expression des points de vue. Les blogs personnels, créés et fréquentés par les lycéens, habitent sur des plateformes cocons, où chacun campe dans son chez-soi virtuel, soumis à la seule dictature du compteur de visites. Ils sont donc peu propices à la confrontation d’idées. Quant aux sites dits de « journalisme citoyen », ils sont d’un abord difficile pour qui n’est pas rompu aux polémiques politiciennes, surtout s’il s’agit de s’y exprimer soi-même. Ainsi, ni l’école, ni la communauté du Web ne peuvent répondre seules à certaines exigences d’expression et de confrontation d’opinions que la société se doit pourtant d’offrir aux lycéens si elle prétend les préparer à leur vie citoyenne. C’est probablement à partir de la création d’interfaces entre la protection éducative et la prise de risque du monde social, que se dessineront les supports adéquats de l’expression lycéenne, responsabilisée dans une mesure acceptable. Les élections présidentielles de 2007 ont fourni l’occasion d’une expérience, à ce titre remarquable, dans un cadre de publication à la fois souple et protégé. Ce ne fut d’ailleurs pas sans rencontrer de multiples questions – surtout relatives à la liberté d’expression – auxquelles il a fallu inventer des réponses. Il faut probablement y voir une esquisse de conditions didactiques nécessaires à cet apprentissage.
• Le même besoin de socialiser sa parole, parfois aussi de tester la transgression autrement que dans des actes physiques, et de la sublimer par un accès à l’art, peut conduire des élèves en grave rupture sociale à s’investir dans un projet de publication. La médiation artistique et culturelle autorise en effet l’expression de la révolte ou de la détresse, à condition qu’elle soit menée avec tous les égards nécessaires à des enfants et des jeunes adolescents en souffrance. L’enjeu est de retrouver le lien entre soi et les autres ; la démarche est de s’écouter soi-même, tout en s’appropriant le regard d’un artiste, pour donner à autrui quelque chose à comprendre de soi. Et pour que le message aboutisse, il faudra bien apprendre à décrypter les langages du média et à faire sienne la technicité de la production. Lorsque les mots sont des obstacles, la force symbolique de l’image que l’on apprend à créer, à manipuler et à transmettre peut devenir le terreau de l’estime de soi et le fondement d’une éducation à la citoyenneté.
• Plus surprenants peut-être paraîtront les attendus éducatifs d’une fête de fin d’année. La particularité de cette forme de publication de travaux scolaires est qu’elle soumet les élèves à des regards certes mélangés, mais généralement bienveillants. On retrouve ici l’idée de lieu intermédiaire où la confrontation au monde extérieur reste protégée tout en étant réelle. Et cet effet de réel, accompagné de la solennité d’un acte conclusif, transforme l’événement en un rite de passage qui doit faire grandir chacun des élèves. On y verra un temps où le collectif prime et où chacun dépend aussi des autres, mais aussi un espace social où chaque élève, par son travail exposé aux regards, peut accéder à une place « d’élite identifiée par ses réalisations ».
Le blog des présidentielles, un quotidien politique lycéen, national et interactif
En 2007, le Clemi a animé le blog de Phosphore et du Mouv’ qui donnait la parole aux journalistes lycéens pour commenter l’actualité de la campagne des élections présidentielles. Cette expérience originale d’expression publique sur l’actualité politique était, à l’aune d’Internet, hybride à plus d’un titre. Elle se situait au carrefour de la culture « presse écrite » et des pratiques des jeunes sur Internet, de l’institution scolaire et de l’espace public, de la réflexion spontanée et du discours argumenté, des sympathies partisanes et du pluralisme.
À lire (PDF, 281 ko)
Exporter son travail pour renouer avec la vie en société
À l’institut thérapeutique éducatif et pédagogique Saint-Yves d’Aix-en-Provence, faire connaître à l’extérieur les productions des enfants constitue le cœur de toute démarche éducative. Les élèves expérimentent ainsi un nouveau type de relations avec le monde « ordinaire », dans la perspective de renouer avec des établissements scolaires classiques et plus généralement une vie classique en société. L’équipe éducative, quant à elle, s’appuie sur les apprentissages pour valoriser ces élèves en rupture, mais aussi l’institut dans lequel ils évoluent ; elle se nourrit en retour des réussites dans un contexte de travail souvent très difficile. Voici la preuve qu’il est possible de réconcilier des enfants en rupture avec le monde social en leur donnant un rôle de médiateurs culturels dans un espace public.
À lire (PDF, 466 ko)
La fête de fin d’année une interface à investir
Une manifestation unplugged dans cette revue ? Un atelier d’écriture qui n’utilise pas le traitement de texte dans Les Dossiers… ? Oui, parce que la fête de fin d'année peut investir un univers culturel varié et ouvert aux regards extérieurs, pour nourrir une synthèse positive des projets aboutis. Et parce que ce récit éclaire d’un jour particulier les expériences de publication qu’il voisine.
Dynamiser les apprentissages disciplinaires
Traditionnellement, les productions scolaires restent confidentielles. Si les copies d’élèves ne sont pas publiées, si elles sont uniquement connues du professeur et de l’élève, c’est bien plus sûrement parce que ce dernier ne doit pas avoir à souffrir d’une éventuelle piètre qualité de son travail, en dehors de sa relation avec l’enseignant.
Quelles peuvent être, dans ce contexte de protection dû à l’élève par l’institution, les raisons de rendre publics des travaux scolaires ? Dans quelles conditions cette ouverture aux regards va-t-elle être bénéfique aux apprentissages, sans prendre le risque de mettre en danger le cadre contractuel de sécurité de l’élève ? L’écueil d’une dévalorisation pouvant être aussi délétère qu’une survalorisation peu conforme à la juste évaluation qui lui est due.
• Dans tel blog de classe, un professeur de français verra le moyen de donner une caisse de résonance aux productions des élèves. La diffusion sur Internet vise alors non pas l’internaute lambda, mais principalement les autres élèves de la classe ou des autres classes, les professeurs et les familles. Seule la communauté scolaire locale est visée, même si, potentiellement, le public a accès au blog. Il s’agit d’ailleurs d’une des ambiguïtés majeures des publications à visée d’accompagnement de l’enseignement disciplinaire. De la publication locale, on tirera des bénéfices s’agissant des destinataires des travaux, de la motivation des élèves, de la dynamique de l’évaluation, de la mise en débat des propos des uns ou des autres ou de relation avec les familles. En raison de la dimension ouverte de cette publication, on apprendra, par nécessité, quelques règles de comportement dans l’espace public virtuel.
• La pratique innovante constitue un ressort dont la publication potentialise de nombreux aspects. Il s’agira notamment de donner du sens aux apprentissages, par exemple en permettant à des élèves en difficulté de se structurer autour d’un projet qui ne restera pas enfermé dans un placard, et dont on percevra le bénéfice des effets en retour. Les techniques numériques de dernière génération sont alors exploitées et parfois détournées de leur usage convenu. Ainsi, la baladodiffusion vidéo sera-t-elle utilisée au-delà de la seule position de récepteur, puisqu’il s’agira aussi de concevoir et de fabriquer les contenus ainsi diffusés.
• L’un des atouts pédagogiques de l’acte de publication est aussi la possibilité technique, aujourd’hui accessible, de faire expérimenter aux élèves le sens, les contraintes et les exigences de la publication scientifique.
Un cadre d’expérimentation, des observations de terrain, des relevés soigneux et l’accompagnement d’un chercheur seront l’occasion de développer les moyens techniques pour communiquer des résultats, tout en s’attachant à la rigueur et à la prise de responsabilité scientifiques. On peut y reconnaître quelques-unes des conditions d’une bonne santé épistémologique.
• Dans l’enseignement des langues, la pédagogie de l’échange à distance rejoint souvent celle de la publication. On y retrouve les besoins d’une communauté éducative, par exemple, ceux de deux classes de deux pays différents qui préparent un projet commun. La publication sur un site ne vise pas tant la diffusion large que le moyen commode de partager à distance et de réaliser un dossier multimédia consultable ici ou là. Mais le soin que l’on apporte à la qualité linguistique du résultat, comme aux problématiques étudiées, donnera à la production une dimension éditoriale assumée.
La caisse de résonance et le blogfolio, des blogs en cours de français
Les professeurs de français sont de plus en plus nombreux à créer des blogs de classe : destinés à recueillir avec plus ou moins de bonheur les travaux des élèves, à structurer la vie de la classe ou à servir de support pour un projet impliquant l’ensemble des élèves, leurs vertus pédagogiques n’ont à envier que leurs vertus éditoriales.
Le JT des bonnes nouvelles à l’école et ses outils nomades
L’histoire d’un journal télévisé scolaire qui ne diffuse que de bonnes nouvelles, et celle d’un engagement précoce dans la baladodiffusion, pour conjurer le sort et la mainmise des médias audiovisuels sur les élèves. Car l’école est en première ligne pour leur donner les clés qui leur permettront de décoder les flux d’informations qu’ils reçoivent.
Les apports d’une publication numérique à la sortie géologique de 1re S
Comment une sortie géologique peut-elle, en étant associée à une publication numérique, prendre du sens dans une région d’un intérêt géologique réduit au regard des notions abordées en 1re S ? Cette expérience menée lors de la sortie de terrain obligatoire permet de développer des compétences cognitives curriculaires, mais aussi des compétences méthodologiques en sciences et dans la maîtrise de l’outil informatique, en rapport avec les compétences du B2i lycée.
Éclairages suisses, Projekt Schweiz, les récits de voyage d’une section européenne
Les enjeux et les méthodes de l’enseignement des langues, ceux du voyage linguistique et ceux de l’échange et de la publication sur Internet se recoupent dans une expérience qui va de la ville de Kreuzlingen, en Suisse, au site web d’un lycée de l’académie de Versailles.
Partager des créations littéraires et artistiques
Dès lors qu’elle s’assume en tant qu’œuvre, la création littéraire ou artistique s’accommode mal de la confidentialité. Depuis longtemps, l’École a recherché les supports adéquats pour donner le public qui leur convient à ces formes d’expression des élèves. Et, au travers de ce public, c’est le retour juste, celui qui permet de progresser, qui est attendu. Quoi de plus décourageant qu’une exposition sans visiteurs, qu’une salle vide pour un concert ou une pièce de théâtre ? Bien sûr, on peut toujours compter sur la présence des familles. Mais la recherche de la belle image souvenir, l’œil rivé derrière le viseur de la caméra, n’est pas le retour juste… Comment, dès lors, les technologies numériques permettent-elles de donner une meilleure réception à ces créations ? Comment les élèves peuvent-ils eux-mêmes devenir les médiateurs de grandes œuvres ? Comment le partenariat avec des médias professionnels permet-il aux élèves de toucher un public réel, moins inconditionnel que leurs familles ?
• Il existe des lieux scolaires où l’apprentissage maîtrisé de la parole publique fait partie du cursus des élèves. L’outil est ici une station de radio dans un collège, dont la vocation pédagogique est assumée et qui constitue un véritable laboratoire des pratiques scolaires dans ce domaine. De ce laboratoire naissent parfois des œuvres sonores, dont la diffusion radiophonique est complétée par d’autres supports d’édition professionnelle bien au-delà du monde scolaire. L’œuvre sonore dont la genèse est relatée dans ce chapitre relie les apprentissages en histoire et en français – à propos des Lettres de poilus de la Première Guerre mondiale ou du genre épistolaire –, les techniques de travail de la voix et l’exploration des émotions artistiques.
• S’engager dans un partenariat avec une chaîne de radio culturelle peut aussi conduire à une exigence professionnelle quant à la qualité de ce que les élèves proposent à l’écoute d’un large public. C’est une occasion unique pour des lycéens en option musique de rencontrer des compositeurs, de les interviewer, de vivre la culture musicale au milieu de ceux qui la font, et de prendre la responsabilité de participer dans le cadre de leurs cours de spécialité à une programmation annuelle sous le contrôle final, bienveillant mais ferme, des professionnels.
• Il arrive qu’un projet national, une commémoration, un concours ou un prix littéraire, fournisse un cadre à des travaux scolaires plus exposés qu’à l’ordinaire. On verra comment le centenaire de la naissance de René Char a pu donner lieu à des créations scolaires issues de l’école primaire jusqu’aux classes post-bac. Celles qui sont présentées ici revendiquent la publication comme partie intégrale de la création poétique ou théâtrale, parce que c’est sa communication elle-même qui donne sens et générosité à l’expression. S’adresser à l’enseignant ne suffit plus ; il s’agit d’éprouver la langue sur le monde, au-delà de la maison scolaire. Freinet utilisait l’imprimerie, les classes d’aujourd’hui doivent s’approprier les moyens modernes pour diffuser des mots faits pour être partagés. On y trouvera mêlées des créations poétiques d’élèves issues d’une rencontre avec les textes de l’auteur, comme des mises en voix ou des représentations théâtrales. Tous les supports de diffusion coexistent ou se complètent, du papier au site internet.
Lettres de poilus, diffusion radiophonique et édition professionnelle sur CD d’un travail d’atelier en lycée
La radio en milieu scolaire vise à faire reconnaître et respecter l’expression des jeunes en les rendant acteurs des médias. Pratiquant depuis plus de 15 ans dans diverses formes d’activités pédagogiques en ce sens, la cité scolaire Paul-Scarron avec sa radio, Fréquence-Sillé, diversifie les supports de diffusion de productions d’élèves. La dernière, parue aux éditions L’Harmattan début 2008, est un CD de mise en onde de lettres de poilus par des élèves de 1re. Les divers personnages de cette histoire témoignent : le responsable de la radio, l’enseignante, la technicienne vocale, l’organisatrice d’un festival partenaire, l’éditeur du CD, les interprètes,
le proviseur…
Radio Classique Lycéens – Les lycéens font leur cinéma ou comment les lycéens prennent l’antenne de Radio Classique
Radio Classique Lycéens – à quoi s’ajoute depuis la rentrée 2007 Les lycéens font leur cinéma – reste un projet partenarial singulier et exemplaire. Singulier car il investit un média de grande diffusion en confiant une lourde responsabilité à des élèves qui, au départ du projet, sont très loin d’en mesurer le poids et les exigences. Exemplaire car il associe deux acteurs et deux perspectives a priori divergentes – service public de l’éducation et entreprise privée – autour d’une valeur partagée visant la transmission du patrimoine musical et l’intelligence des médias.
L’École dans les pas du Poète : René Char 2007, écrire, publier, mettre en voix… ou l’essor d’un centenaire
Pour introduire la démarche suivie par les élèves dans cette expérience, voici trois citations tirées
des témoignages de leurs professeurs.
« Pour la phase de maturation lente, profonde et personnelle, avoir à sa disposition un cahier toujours disponible et non consultable par autrui s’est vite imposé pour les élèves comme une évidente nécessité. »
« Passer du cahier, objet intime, à l’écran, fait du texte un objet public : chacun a décidé lui-même du moment de la saisie du poème sur ordinateur, de la police et de la mise en pages les mieux adaptées. »
« La perspective de la publication n’était pas un objectif préétabli du projet : elle est née du désir des élèves de partager leur parcours artistique. » |
Pays : |
France |
Niveau : |
Secondaire et + |
|